La vieillesse une réalité plurielle !
Robustes, fragiles, dépendants… La population des personnes âgées ne représente en aucun cas un groupe homogène.
Dans le domaine de la santé, l’Organisation Mondiale de la Santé retient l’âge de 60 ans pour définir la notion de « personne âgée » et de 80 ans pour celle de « personne très âgée ». Mais ces considérations varient aussi selon les domaines concernés. Ainsi, le monde de l’entreprise considère les plus de 45 ans comme seniors tandis qu’en médecine c’est plutôt autour de 70 ans.
Jusqu’à présent, en France, nous sommes reconnus personne âgée par l’administration à partir de 60 ans. Un âge qui sera sans doute reconsidéré avec l’allongement de la durée de la vie professionnelle.
Le nombre de centenaires est croissant. On en comptait 30 000 en France en 2023 (près de 30 fois plus qu’en 1970) et leur nombre va dépasser la barre des 200 000 en 2070 (institut national d’études démographiques).
De jeune retraité à centenaire, le chemin s’étend sur plusieurs décennies avec des besoins qui vont évoluer au fil du temps et auxquels nous pouvons nous préparer pour aborder chaque étape en toute sérénité. Continuer à être autonome et vivre le plus longtemps possible chez soi est le souhait formulé par nos aînés.
L’émergence de nouveaux dispositifs va dans ce sens mais ils sont souvent méconnus et parfois leur mise en œuvre relève du parcours du combattant pour les personnes âgées et leurs familles qui ne savent pas comment accéder à la ressource. J’en ai fait mon cheval de bataille au cours de mes accompagnements et je suis heureuse de constater que les résultats sont tangibles.
La réalité du terrain montre qu’il faut souvent donner accès à l’information et aussi accompagner son déploiement. Préconiser des solutions n’est pas toujours suffisant. La présence de professionnels spécialisés dans la prévention des risques liés à l’âge est une des réponses pour maintenir un état de santé physique et psychique le meilleur possible.
Dans ce contexte, le métier de Dames et Hommes de Compagnie a toute son importance. Intervenir en amont des problèmes de santé permet de faire face à un quotidien qui devient parfois plus complexe. Le rôle de ces professionnels est aussi d’être des relais pour les proches aidants en manque de temps et/ou éloignés.
Evaluer les besoins et trouver des réponses en adéquation avec les envies des aînés leur permet de maintenir leur autonomie et de continuer à vivre comme bon leur semble.
Et si la vieillesse n’était qu’une nouvelle étape dans notre parcours de vie !
La santé ne doit pas constituer la seule dimension à prendre en compte dans la façon de percevoir une personne. La vieillesse n’est pas une maladie et ne peut plus être réduite et assimilée à la dépendance. Il existe des personnes âgées en bonne santé, indépendante, avec « encore toute leur tête », sans perte auditive ou visuelle.
Certaines d’entre elles sont particulièrement actives au sein d’associations. D’autres se découvrent de nouveaux talents. Il peut flotter comme un vent de liberté qui donne l’impulsion pour oser se réinventer ou se réaliser. L’essentiel est de continuer à enrichir sa vie et de maintenir un lien social pour satisfaire le besoin d’interactions avec les autres.
À partir de quel âge est-on senior pour sa famille, ses collègues ou son médecin, cela dépend !
Lina Le Gall, animatrice dans le médico-social nous interpelle sur la façon dont la vieillesse et les personnes âgées sont perçues dans la société.
L’âgisme une discrimination fondée sur l’âge des individus reflète un malaise face à la vieillesse.
Madame Le Gall nous invite à la réflexion suivante :
Une idée simple que je vous propose est de vous demander quelle image vous vous faites d’une personne de 60, 70, 80, 90, 100 ans. Imaginez ses activités. Puis, réfléchissez à l’âge des personnes que vous rencontrez dans votre quotidien ou à celui des personnes que vous voyez à la télévision : voisin-es, famille, comédien-ne-s, politicien-ne-s, etc. Quelles sont leurs vies, leurs activités ? Vous allez alors voir apparaître une multitude de façons de colorer la palette « personnes âgées » probablement différentes de celles que vous aviez préalablement imaginées. Nous pouvons aussi nous interroger sur le regard que nous posons sur notre propre avancée en âge. Extrait de « Les forces du grand âge, n’en déplaise aux stéréotypes – Lina Le Gall – Presses universitaires de Grenoble.
Alors, et si la première difficulté rencontrée par les personnes âgées était le regard dévalorisant que nous posons sur elles. La vieillesse d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. Confondre l’identité des personnes avec la catégorie d’âge à laquelle elles appartiennent est forcément réducteur.
Une opportunité de se réinventer…
L’inconscient n’a pas d’âge et la conscience ; le psychisme non plus. Toute notre vie nous progressons jusqu’au bout même si le corps ne peut plus effectuer tous les projets de l’esprit. Voilà ce que pointe Agathe Delisle neuropsychologue spécialiste du grand âge, experte en sophrologie gérontologique et réactivation cognitive qui guide ma pratique professionnelle.
Prendre soin de soi, changer ses habitudes de vie, accueillir le changement, trouver des éléments positifs dans la vieillesse… autant de nouvelles perspectives qui s’offrent à nous en changeant de paradigmes.
Au contact des aînés, des proches aidants et des soignants à titre professionnel et personnel, je vous invite à préparer et à parcourir ce temps de vie sereinement en explorant les différentes facettes de l’avancée en âge.
Tout l’art de la vieillesse ce n’est pas de l’accepter mais de la vivre avec un nouveau regard.